Syndicat CGT DELL Montpellier

De 2001 à 2018, chez DELL Montpellier, la DRH n'a pas chômé :
des procédures de licenciement en continu contre les délégués syndicaux CGT

Mise à jour : 7 juillet 2018, 12:41:19

1 – Introduction

1 –  Histoire de la discrimination syndicale anti-CGT chez DELL Montpellier

La longue marche du premier délégué syndical CGT

Le syndicat CGT DELL Montpellier a été créé en mai 2001. Son premier secrétaire, Alfred (le prénom a été changé), embauché en 2000, a été délégué syndical CGT de mai 2001 à mars 2012. il a essuyé trois procédures de licenciement commençant toutes par une demande d'autorisation de licenciement transmise par DELL à l'inspection du travail. L'historique cette première procédure mérite l'examen :

  • 13 septembre 2002 : refus d'autorisation de l'inspection du travail ;
  • 12 mars 2003 : le ministère du travail confirme le refus de l'inspection du travail, suite au recours hiérarchique formé par la société DELL ;
  • 15 décembre 2005 : le Tribunal administratif de Montpellier rejette la demande d'annulation de la décision du ministère du travail présentée par la société DELL ;
  • 6 mars 2008 : La Cour d'appel administrative de Marseille, après la requête en annulation de la décision prise par le TA de Montpellier le 15 décembre 2005, rejette cette requête.

Deux autres demandes d'autorisation de licenciement d'Alfred seront transmises par la société DELL à l'inspection du travail, toutes deux refusées. Les arguments de toutes ces demandes sont simples :

  • Des fautes professionnelles ;
  • L'utilisation abusive du courrier électronique DELL ;
  • La demande n'a aucun lien avec les mandats syndicaux et IRP exercés par Alfred.

En réalité, aucune des fautes professionnelles citées par la société DELL à l'encontre d'Alfred n'a été retenue. Ni par l'autorité administrative (Inspection du travail, ministère du travail), ni par l'autorité judiciaire (TA de Montpellier, Cour d'Appel de Marseille). De même l'utilisation abusive du courrier électronique DELL n'a pas été retenue comme motif de licenciement. En revanche, tant l'autorité administrative que l'autorité judiciaire ont reconnu le lien évident avec les mandats syndicaux et de représentant du personnel exercés par Alfred.

En parallèle, le délégué syndical CGT Alfred a saisi le Conseil des Prud'hommes de Montpellier (CPH) pour harcèlement moral et discrimination syndicale :

  • Alfred est débouté par le CPH le 4 avril 2006.
  • Il fait appel de jugement devant la Cour d'appel de Montpellier. Celle-ci confirme le jugement du CPH de Montpellier le 20 juin 2007. La Cour d'appel condamne cependant la société DELL pour un rappel de salaire et une indemnité de congés payés. De même, elle condamne la société DELL à reclasser Alfred à une position supérieure avec rattrapage de près de six ans.
  • Alfred se pourvoit en cassation. Le 3 mars 2009, celle-ci casse le jugement de la Cour d'Appel car il n'a pas répondu aux demandes de dommages et intérêts pour discrimination syndicale. L'affaire est renvoyée devant la Cour d'appel de Nîmes.
  • La Cour d'appel de Nîmes rend son jugement le 12 avril 2011. Celui-ci déclare recevable l'intervention volontaire de l'Union Départementale des syndicats CGT de l'Hérault. Puis, le jugement de la Cour d'appel de Nîmes condamne la Société DELL pour discrimination syndicale et harcèlement moral à des dommages et intérêts substantiels.

Le parcours escarpé d'Antonio

Antonio Manfredi a été embauché à Montpellier par la société DELL le 4 mars 2002. Jusqu'à son élection comme délégué du personnel CGT suppléant en 2007, il mène une carrière pépère : il a de bons résultats professionnels, des promotions et des augmentations de salaires. À partir de son élection comme DP CGT suppléant, commence un parcours, pendant 4 ans, promotions et augmentations de salaires ne suivent plus le même rythme, bien qu'Antonio n'exerce pas son mandat avec ostentation parce qu'il est privé de crédit d'heures.

Tout change à partir des élections de 2011 : Antonio est réélu comme délégué du personnel CGT, mais cette fois comme titulaire. Du coup, l'attitude « cool » de l'encadrement devient franchement agressive. En 2011, Antonio écope de deux avertissements. On verra par la suite qu'ils sont annulés par le Conseil des Prud'hommes de Montpellier. Mais, en mars 2012, Antonio devient à son tour délégué syndical CGT de l'établissement de Montpellier en remplacement d'Alfred. La direction demande au tribunal d'instance d'annuler cette désignation. En même temps, une première autorisation de licenciement d'Antonio est demandée à l'inspection du travail, ainsi qu'une mise à pied conservatoire.

On verra plus tard les décisions des autorités administratives et judiciaires. Pour l'instant, regardons de plus près les conséquences de la mise à pied conservatoire : Antonio est marié, il a deux enfants (bientôt trois). Bine qu'il ait un salaire mensuel de technicien, il a contracté un emprunt pour l'achat de son appartement ce qui représente pour lui un effort substantiel mais supportable. Mais la mise à pied change tout. La banque et le syndic constatent le non paiement d'échéances sur un mois, et c'est tout de suite le surendettement. Cette décision de mise à pied conservatoire va complètement déstabiliser Antonio, tant dans sa vie personnelle que dans sa vie militante. Elle est probablement l'une des causes profondes qui conduiront, d'une part à son divorce, d'autre part au burnout qu'il a subi à partir de janvier 2015.

Premières escarmouches administratives et judiciaires

D'abord, l'inspection du travail refuse d'autoriser le licenciement : il apparaît clairement que les reproches formulés par la société DELL sont liés à l'exercice des mandats syndicaux CGT et IRP. Dans le même temps, le tribunal d'instance de Montpellier confirme la nomination d'Antonio comme délégué syndical CGT et la représentativité du syndicat CGT DELL Montpellier.

La société DELL laisse tomber l'affaire de la désignation d'Antonio comme délégué syndical CGT, Mais elle demande au tribunal administratif de Montpellier d'annuler la décision de l'inspection du travail. Le 18 février 2014, le TA de Montpellier rejette la requête de la société DELL et le refus d'autorisation de l'inspection du travail est confirmé.

En parallèle, le 13 octobre 2011,Antonio a déposé au greffe du CPH de Montpellier un dossier de discrimination syndicale et de harcèlement moral. Le jugement du CPH est prononcé le 21 janvier 2015. C'est une condamnation sévère de la société DELL :

  • Condamnée à des dommages-intérêts ;
  • Condamnée à l'obligation de reclasser Antonio à une position cadre, Niveau VIII échelon 2 de la Convention collective (commerce de gros) ;
  • Condamné à l'annulation des deux avertissements des 11 juillet et 1er décembre 2011 ;
  • De plus, la discrimination syndicale est confirmée par le jugement du CPH.

Mais l'année 2014, pour la société DELL France, a été l'année d'une restructuration importante décidée par la maison-mère texane. Antonio c'est particulièrement investi pour obtenir le respect du code du travail relatives aux infirmations et consultations des comités d'établissement (CE), du comité central d'entreprise (CCE) et du CHSCT. La pression de l'encadrement de DELL, depuis la décision du TA exposée ci-dessus, était devenue plus forte sur Antonio. La DRH voulait lui imposer une mutation qui était discriminatoire puisqu'il s'agissait d'un poste de niveau inférieur. Le 5 novembre 2014, Antonio était convoqué par la responsable RH (RRH) dont il relevait à une réunion pour faire le point sur son changement de poste. Antonio assista à cet entretien accompagné de Michel Perraud, dûment mandaté par l'UD CGT 34. Le déroulement des débats se résume à la conclusion donnée par la RRH : le refus d'Antonio d'accepter ce poste pourrait donner lieu à un licenciement pour motif personnel. La messe était dite huit mois seulement après le refus du licenciement par le TA de Montpellier.

Burnout et bipolarité

En réalité, de janvier 2015 à aujourd'hui, la vie d'Antonio a été un véritable calvaire : il a subi frontalement l'agression de l'encadrement de DELL tant à titre personnel qu'en tant que délégué syndical ayant mené un combat pied à pied pour imposer en 2014 à la DRH le respect des prérogatives des CE-CCE et CHSCT. Les informations-consultations eurent bien lieu, mais l dut payer le prix fort : Pour les années 2015, 2016 et 2017, a été un calvaire de dépressions nerveuses dues à un épuisement professionnel. Plus grave, dès juin 2015, il était suivi par son médecin psychiatre qui diagnostiquait une bipolarité. À chaque fois qu'il tentait de reprendre pied, ce qu'il faut bien appeler les provocations du management, le replonger dans un état dépressif sévère et une difficulté évidente à se maîtriser. Or, tous les spécialistes le savent, « le rôle du stress est majeur tout simplement en raison de la sensibilité excessive au stress, un facteur classique de la bipolarité (voir pièce : stress et bipolarité).

Il ressort, tant des relevés des jours d'absence d'Antonio que des conclusions de l'Assurance Maladie, que de janvier 2015 à décembre 2017, Antonio a été l'équivalent de deux années pleine en arrêt maladie. Et à chaque fois qu'il tentait une reprise, Antonio se heurtait au même mur d’incompréhension de l'encadrement qui n'avait plus qu'un objectif : s'en débarrasser par tous les moyens.

2016 et 2017 : deux licenciements et deux recours hiérarchiques

Après un an passé pratiquement en burnout (épuisement professionnel) et quelques tentatives de reprises, Antonio se sent assez sûr pour reprendre le travail et le syndicalisme. Mais son incapacité à même être sur son lieu de travail et parler à des collègues a un résultat : il n'y a pas de campagne électorale CGT en juin 2015 et la CGT perd sa représentativité. Le 11 avril 2016, il est nommé représentant de la section syndicale CGT de l'établissement de Montpellier. Alors, commence la tentative de destruction d'un être humain des conflits sérieux avec son encadrement provoquent une rechute, et le début de la première tentative de licenciement :

  • 7 juin 2016 : lettre recommandée avec AR pour convocation à l'entretien préalable ;
  • 16 juin 2016 : entretien préalable ;
  • 13 juillet 2016 : LRAR de la société DELL demandant l'autorisation de licencier ;
  • 16 septembre 2016 : Refus d'autorisation du licenciement car les fautes reprochées sont en relation avec l'exercice du mandat ;
  • 18 novembre 2016 : recours hiérarchique au ministre du travail pour faire annuler la décision de l'inspection du travail.

Le 18 mars 2017, le ministère du travail aurait dû avoir répondu au recours hiérarchique de la société DELL. Mais il ne l'a pas fait. Cela aurait pu être un refus implicite de changer la décision prise par l'inspection du travail. Mais il ne semble pas que ce soit le cas. En effet, il y a eu recouvrement entre le déroulement de cette procédure de licenciement et une deuxième demande d'autorisation de licenciement envoyée à l'inspection du travail le 19 décembre 2016 dont voici le déroulement :

  • 2 décembre 2016 : lettre recommandée avec AR pour convocation à un entretien préalable à sanction ;
  • 13 décembre 2016 : entretien préalable ;
  • 19 décembre 2016 : demande d'autorisation préalable de licenciement à l'inspection du travail ;
  • 13 février 2017 : décision de l'inspection du travail de refuser l'autorisation de licenciement. Mais pas sur le fond, sur la forme. Le motif retenu est que l'employeur a changé son fusil d'épaule : pour l'entretien préalable avec Antonio, et au cours de l'enquête contradictoire, la société DELL avait invoqué un motif disciplinaire. Mais ensuite, la société DELL invoque "un motif de licenciement réel et sérieux". La jurisprudence du Conseil d'État considère que dans ce cas l'entretien préalable à sanction n'a pas porté sur le bon motif. Mais l'inspection du travail ajoute que le lien entre la demande d'autorisation de licenciement et le mandat d'Antonio n'a pas été établi ;
  • 18 avril 2017 : la société DELL transmet au ministère du travail un dossier de recours hiérarchique contre la décision de l'inspection du travail ;
  • Le 18 aout 2017, à nouveau pas de réponse du ministère. S'oriente-t-on encore vers un rejet implicite de recours hiérarchique par absence de réponse ? Pas du tout !
  • 25 août 2017 : M. Pinto, adjoint au chef du bureau du statut protecteur (on croit rêver !) explique que, oui, la non-réponse du ministère à la date du 19 août 2017 signifiait une décision implicite de rejet du recours (ce qui était le texte même le code du travail : article R.2422-1). Mais M. Pinto ajoute : « Je n’exclus pas de procéder au retrait de cette décision implicite, d'annuler la décision de l'inspecteur du travail] et d'autoriser votre licenciement pour des motifs de légalité etc. ». M. Pinto donnait à Antonio un délai de 10 jours pour faire parvenir à la personne désignée toutes informations supplémentaires. Après accord de la personne désignée par M. Pinto, ce fut fait le 13 septembre 2017 par remise en main propre contre récépissé directement au ministère du travail.
  • un mois plus tard, j'ai eu au téléphone la personne désignée, pour lui demander ou en était l'examen des pièces fournies au ministère. Ces pièces avaient été transmises aux personnes compétentes et la personne désignée n'avait pas d'autre information.
  • C'est par lettre datée du 8 décembre, notifiée quelques jours plus tard, qu'Antonio apprendra la décision du ministère. C'est une reprise à l'identique des arguments de la société DELL. Aucun compte n'a été tenu des quelque 200 pages transmises, au nom d'Antonio et de la CGT, moitié pour le premier recours hiérarchique, moitié pour le second recours hiérarchique, répondant point par point aux arguments et aux pièces de la société DELL.

On notera plusieurs éléments qui montrent bien la volonté politique de la société DELL d'obtenir coûte que coûte le licenciement d'Antonio :

  • Le 11 avril 2016, l'agressivité soudaine, manifestée par audio-conférence d'abord – avec compte-rendus par e-mails – par e-mails ensuite, le jour même où la direction des ressources humaines de DELL recevait confirmation par télécopie de la LRAR de nomination d'Antonio comme représentant de la section syndicale CGT de l'établissement DELL Montpellier.
  • Second cas de crispation assumée par la direction de DELL : alors qu'Antonio, dans la débine qu'on peut imaginer avec son surendettement, demandait la libération anticipée de son plan épargne, la direction des ressources humaines a rendu l'opération impossible, alors qu'elle l'était parfaitement.
  • La société DELL utilise la subrogation pour maintenir le versement du salaire net (IJ et complément salaire). On sait que, pendant un arrêt maladie, pour se rendre à l'étranger, par exemple dans sa famille, il faut une autorisation préalable de la CPAM. Cette autorisation avait été obtenue par Antonio mais n'avait pas été gérée convenablement par la CPAM. D'où une demande de la CPAM de remboursement des IJ déclarées par erreur indues. Immédiatement, DELL indique le plan de retenue sur salaire qui serait fait pendant plusieurs mois. Antonio avait expliqué à la DRH que la demande d'autorisation avait bien été obtenue de la CPAM, document à l'appui, et qu'un recours auprès de la commission des recours gracieux ne manquerait pas d'aboutir. Antonio demandait simplement un sursis pour les retenues sur salaires jusqu'à ce que la décision de la commission des recours gracieux soit obtenue. Jamais la DRH de DELL n'a envisagé un quelconque sursis, trop heureuse d'enfoncer Antonio dans la misère.
  • Suite à l'entretien préalable à licenciement auquel il était convoqué en juin 2016, Antonio subit une rechute grave pour lequel son médecin psychiatre décida un arrêt maladie pour les mois de juillet et août. Ayant, avec l'accord de la DRH, pris ses congés payés annuels en septembre 2016. sa reprise effective supposait une visite de reprise. Elle fut planifiée le 18 octobre 2016, mais il ne fut informé que deux heures avant la visite médicale. En revanche, le DRH, la RRH et le manager direct connaissaient depuis quelques jours la date de cette visite de reprise. Ces trois personnes eurent le temps de s'entendre pour que chacune d'entre elles envoie un e-mail au médecin du travail afin d'exposer ses griefs à l'encontre d'Antonio et d'indiquer au médecin du travail la nécessité de « prendre la bonne décision ». Ce qui était souhaité par l'encadrement arriva : un avis d'inaptitude temporaire d'un mois, sans salaire, préfigurant un licenciement pour inaptitude sans autre forme de procès. Le lendemain, 19 octobre, le médecin psychiatre confirmait qu'il n'y avait aucune contre-indication à la reprise du travail. Antonio avait alors demandé à la DRH de fixer une nouvelle visite de reprise afin de lui éviter une perte insoutenable de salaire. la DRH répondit jésuitiquement qu'elle ne voulait pas interférer avec l'autonomie du médecin du travail. Mais ce n'est pas ce que dit l'article R.4624-17 qui prévoit que « le salarié bénéficie d'une visite médicale à la demande de l'employeur ou à sa demande »

Ces faits ne sont pas anodins : comme les autres faits de ce dossier, personne ne peut croire que leur enchaînement est le fruit du hasard. Il faut se rappeler outre la maladie grave – bipolarité – que le stress pathogène subi par Antonio, sans arrêt depuis son élection en juin 2011 , la société DELL a voulu frapper fort : d'une part, en déposant le 18 novembre 2016 un recours hiérarchique au ministère du travail contre la décision de l'inspection du travail de retoquer de la demande d'autorisation de licencier Antonio, et d'autre part, le 19 décembre 2016, un mois après, en déposant une nouvelle demande d'autorisation de licencier Antonio.

Les chapitres suivants explicitent la stratégie de la société DELL pour mettre fin à la présence de la CGT dans l'entreprise :

  • La bipolarité d'Antonio Manfredi
  • Les pressions exercées par l'encadrement de DELL sur le médecin du travail
  • La discrimination syndicale
  • Le prétendu usage inapproprié du courrier électronique interne à DELL
  • La prétendue inexécution volontaire de la prestation de travail
2 – Éléments du dossier

1 – La bipolarité d’Antonio Manfredi

Observations :

Citée ci-dessous, la lettre de la CPAM précise le diagnostic du médecin conseil de la CPAM, informé par Antonio Manfredi des conclusions du Dr Billet sur sa bipolarité et sur le traitement qu’il a ordonné : au 01/01/2018, l’état de santé d’Antonio Manfredi sera stabilisé.

Le tableau des arrêts maladies couvre largement les dates des pièces invoquées par DELL pour accompagner sa demande de recours hiérarchique, et la période pendant laquelle Antonio a été suivi par le Dr Billet.

La pièce « stress et bipolarité » établit un lien très clair entre le stress provoqué par le harcèlement moral et la discrimination subie par Antonio Manfredi et le déclenchement de la bipolarité qui l’a atteint.

Consulter les pièces

Les pièces :

  • La lettre (28/10/2017) de l'Assurance Maladie rapporte l'avis du médecin conseil selon lequel l'état de santé d'Antonio sera stabilisé en janvier 2018. On retiendra la phrase : « le médecin conseil a estimé que votre état de santé sera stabilisé à cette date [01/01/2018] ». De 2011 à 2017, la pression managériale est la cause évidente du stress pathogène à l'origine de la bipolarité qui dévasté la vie d'Antonio. Celui-ci suit maintenant un traitement qui contrecarre les effets de la bipolarité. Mais que de souffrances pour rien, imposées par le refus idéologique du syndicalisme d'action revendicative ! Lire …
  • Le Dr Billet, médecin psychiatre, a signé une attestation (18/12/2017) dans laquelle il confirme le trouble bipolaire subi par Antonio. Ce médecin suit Antonio depuis juin 2015. Le traitement qu'il a proposé à Antonio contre sa bipolarité fonctionne. Mais il précise : « Son état nécessite un suivi et un traitement réguliers ». Lire …
  • Une des très nombreuses informations médicales retrouvées sur le web par un moteur de recherche. la concordance des documents est significative. Dans le document que nous avons retenu, lien entre stress et bipolarité est clair : « … le rôle du stress est majeur, tout simplement en raison de la sensibilité excessive au stress, un facteur classique de la bipolarité ». L'encadrement de DELL, ignorant l'effet pathogène du stress qu'il imposait à Antonio, est responsable de la durée et de la fréquence des arrêts maladie. Nous connaissons tous des militants qui ont craqué parce qu'ils étaient ciblés. Mais cette pratique de l'encadrement n'est pas limité aux seuls militants syndicaux : la presse a rapporté de nombreux exemples de salariés se suicidant sur les lieux de travail, ne supportant plus le harcèlement moral que leur faisait subir leur ligne hiérarchique. Les témoignages de collègues ou le témoignage qu'ils ont laissé pour expliquer leur geste sont significatifs. Lire …
  • Conséquences du stress pathogène résultant de l'attitude de l'encadrement. À partir de son élection comme DP CGT titulaire aux élections de 2011 et plus encore après sa désignation comme délégué syndical CGT en mars 2012, Antonio a subi de la part de son encadrement et de la DRH un management renforcé visant à l'isoler et à lui limiter les moyens de remplir son mandat. Les pressions exercées sur lui devinrent insoutenables au cours de l'année 2014. Le stress qu'il subissait était tel qu'Antonio entra dans un cycle de dépressions pour toute la durée des années 2015 à 2017. Le diagnostic du médecin psychiatre qui le suit : bipolarité. D'où sensibilité accrue au stress avec, pour résultat, en 2015, 211 jours calendaires d'arrêt de travail, en 2016, 171 jours, et en 2017, 158 jours. Comment, dans ces conditions exercer sereinement un mandat mandat syndical ? Lire …
  • L'année 2014 est, pour Antonio, celle de tous les dangers :
    • L'année commence pourtant par une bonne nouvelle (18/02/2014) : le tribunal administratif de Montpellier rejette la requête de la société DELL et confirme le refus de licenciement d’Antonio.
    • Mais 2014, c'est aussi l'année pendant laquelle Antonio attend avec angoisse l'audience du CPH qu'il a saisi pour faire condamner la discrimination syndicale que la société DELL exerce à son encontre. De fait, le jugement en sa faveur sera publié le 21 janvier 2015. mais Antonio est déjà, depuis le 12 janvier, en état de dépression nerveuse grave, premier symptôme de sa bipolarité.
    • Et puis, l'année 2014 est celle de la mise en œuvre du plan de restructuration décidé par la maison-mère américaine. Comme toute filiale états-unienne en France – et le siège de la maison-mère est au Texas – la société DELL prend des libertés avec les prérogatives des institutions représentatives du personnel. Antonio, porte-parole de la CGT, intervient par tracts, affiches et courriers à la DRH et au PDG de la société DELL.
    La DRH de DELL, excédée par les rappels de la CGT relatifs aux informations et consultations des comités d'établissement, du CCE, et des CHSCT en cas de restructuration – car il y aurait entrave au fonctionnement de ces IRP –, profite de l'occasion pour vouloir imposer à Antonio une mutation avec déqualification. Le 5 novembre 2014, Antonio, accompagné par Michel Perraud, dûment mandaté par l'UD CGT 34, rencontre la direction. L'entretien est vif. La RRH conclut qu'un refus de la part d'Antonio se traduirait par une procédure de licenciement pour motif personnel. Cette conclusion fragilise Antonio qui, un mois plus tard, sera victime d'un burnout sévère, premier symptôme de bipolarité. Le compte rendu de cette réunion a été rédigé par Michel Perraud. Lire …
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2 – Les pressions exercées par l'encadrement de DELL sur le médecin du travail

Observations :

Le plus affigeant, c'est la tentative du manager direct d’Antonio Manfredi, (pièce jointe N° 13), de la responsable RH (pièce N° 17) et du DRH de DELL (pièce N° 18), qui ont sciemment cherché à influencer le médecin du travail pour obtenir un avis d’inaptitude. Voici une présentation fidèle de ce qu'il s'est passé. D'abord, Antonio était en arrêt maladie durant les mois de juillet et août 2016. Ensuite, il a pris ses congés payés pour se ressourcer dans sa famille en Italie. Il reprit le travail le 10 octobre mais avait l'obligation de se rendre à une convocation de la doctoresse médecin du travail. C'est là qu'il y a eu une nouvelle provocation du DRH, de la responsable RH et du manager direct d'Antonio. Ils connaissaient depuis plusieurs jours la date de la visite de reprise. Ils savaient qu'Antonio n'avait pas encore été convoqué à cette visite. Il est inimaginable qu'ils ne se soient pas rencontrés ou ne se soient pas téléphoné. Ces trois personnes ont pu préparer, en connaissance de cause, un traquenard.

Comment l'avons-nous appris ? De la manière la plus bête qui soit : Le 19 décembre 2016, la firme DELL, par la voie du DRH, a transmis un dossier à l'inspection du travail pour une nouvelle demande d'autorisation pour le licenciement d'Antonio. Parmi les pièces jointes à cette demande – numérotées – figuraient les trois pièces citées ci-dessus, portant respectivement les Nos 13, 17 et 18. Comme on le voit, il n'y a pas eu besoin de fouiller dans les poubelles, c'est l'encadrement qui a servi ces pièces sur un plateau, sachant parfaitement que l'inspecteur du travail les transmettrait à Antonio au cours de l'enquête contradictoire qu'il conduirait.

Que contiennent ces pièces :

  • On retiendra la conclusion de l'email du manager direct d'Antonio à la doctoresse médecin du travail : « Voilà je voulais vous tenir informé de l'état d'esprit oû il se trouve pour que vous puissiez en tenir compte lors de votre entretiens (sic) mardi ».

    L'e-mail est daté du 14 octobre. Ce jour-là, Antonio n'a pas connaissance de la date de la visite de reprise. Il ne sera convoqué que moins de deux heures avant de rencontrer la doctoresse médecin du travail. Mis le reste de la pièce N° 13 est tout aussi démonstratif. Comment, Antonio exige un entretien « face to face » ? Quelle impudence ! Sauf que c'est un droit acquis des salariés en télétravail de pouvoir rencontrer au moins une fois par an leur manager direct, et Antonio demande à bénéficier de ce droit. De plus, affirmer qu'Antonio « est dans la provocation et cherche le conflit, c'est inverser les rôles : y compris parmi les pièces fournies par la firme DELL, d'autres pièces confirment que le provocateur, c'est le manager d'Antonio ». Comme il le confirme dans l'e-mail reproduit dans la pièce N° 13dans lequel il demande à la doctoresse de tenir compte de ce qu'il écrit. Lire la pièce N° 13 …

  • Deux mois avant la date de la deuxième tentative de licenciement datée du 19 décembre 2016. C'est à l'occasion de l'enquête contradictoire qu'a menée l'inspecteur du travail en janvier 2017 que nous avons pris connaissance de ces trois e-mails présentés en tant que pièces Nos 13, 17 et 18 jointes par DELL a sa demande d'autorisation de licencier.
  • Mais on ne peut pas, non plus, oublier que ces trois e-mails concordants envoyés juste avant la convocation de la visite de reprise (dont Antonio lui-même ne connaissait ni l'heure ni la date : il n'a reçu sa convocation que deux heures avant la visite) sont le point d'orgue d'une pratique managériale qui a conduit Antonio à subir pendant trois ans des arrêts de travail pour dépressions récurrentes graves depuis le déclenchement de sa bipolarité au début janvier 2015.

On retiendra aussi que la durée de la visite de reprise a été inférieure à 10 minutes.

Consulter les pièces

Les pièces :

  • 20161014-dell-recours-hierarchique-piece-jointe-13.pdf
  • 20161017-dell-recours-hierarchique-piece-jointe-17.pdf
  • 20161017-dell-recours-hierarchique-piece-jointe-18.pdf
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3 – Discrimination syndicale

Observations :

Les pièces jointes ci-dessus démontrent l’acharnement de la direction de DELL à discriminer les délégués syndicaux CGT successifs ayant exercé leurs mandats depuis la création du syndicat en mars 2001.

Aussi bien l’inspection du travail, que les recours hiérarchiques au ministère du travail pour le délégué syndical qui avait précédé Antonio et celui relatif au recours hiérarchique (daté du 18 novembre 2016) relatif au refus de licenciement d'Antonio ont été retoqués. Les recours au TA, relatifs tant au prédécesseur d'Antonio qu'à Antonio lui-même ont également été retoqués.

En ce qui concerne les actions au CPH, celle du prédécesseur d'Antonio a abouti après un jugement de la Cour de cassation à une décision de la Cour d’appel de Nîmes condamnant DELL pour discrimination syndicale.

Le CPH de Montpellier a également condamné DELL pour discrimination syndicale à l’encontre d’Antonio Manfredi. L'affaire est en appel.

Enfin, dans sa lettre d’accompagnement la direction de DELL prend acte de l’appréciation de l’inspecteur du travail selon laquelle la demande de licenciement n’aurait pas de lien avec l’exercice d’un mandat syndical. Mais il faut rétablir le contexte : une première demande d’autorisation de licenciement, datée du 13 juillet 2016, avait été transmise à l’inspection du travail, lequel la refusa le 19 septembre 2016. Sur cette demande, la direction de DELL fit un recours hiérarchique au ministère du travail, datée du 18 novembre 2016, le délai de réponse du ministère s’achevant le 18 mars 2017. Puis, la direction de DELL demanda une nouvelle autorisation de licenciement le 19 décembre 2016. La mention de l’inspecteur du travail considérant que la demande de licenciement était sans lien avec l’exercice d’un mandat syndical est incompréhensible quand on connaît le dossier.

Consulter les pièces

Les pièces :

  • 20080306-Cour-appel-administrative-marseille-oldds-x.pdf
  • 20110412DELLJugementCourAppelNimesCondamnationDell.pdf
  • 20120417InspectionDuTravailADSCGTManfredi.pdf
  • 20140218-jugement-ta-deboutant-dell-.pdf
  • 20150121-Manfredi-vs-Dell-Jugement-CPH.pdf
  • (Demander à Antonio lettre 09 2016 refus autorisation de licenciement)
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4 – L'usage prétendument inapproprié du courrier électronique

Observations :

D’une part, les pièces DELL 9 et 10 sont des e-mails envoyés aux membres du CHSCT. Antonio Manfredi, par usage confirmé par la directrice des relations sociales, est resté représentant syndical CGT au CHSCT. Il a donc utilisé, dans le cadre de son mandat, la liste de distribution du CHSCT pour communiquer à ses collègues les informations sur les conditions dans lesquelles il avait été mis en inaptitude. Non seulement la liste de distribution était officielle, mais il agissait dans le cadre d’un mandat syndical.

La pièce 22 de DELL n’est pas située dans son contexte. D’abord, il y a une décision erronée de la CPAM suspendant le versement des IJ à Antonio durant un arrêt maladie, sous prétexte qu’il se serait rendu à l’étranger sans autorisation préalable de la CPAM. Or, il avait obtenu cette autorisation et un recours auprès de la CPAM a supprimé la suspension du versement des IJ. Mais plus tard. En attendant cette décision, Antonio a demandé un sursis à la DRH de DELL relatif au prélèvement sur salaires pour remboursement des avances des IJ suspendues par la CPAM jusqu’à ce que la réponse au recours par la CPAM soit connue. La DRH, voulant manifestement enfoncer davantage Antonio, a refusé ce sursis. Dès lors le recours au PDG, M. Baze était tout à fait justifié, ce qui fut fait par lettre recommandée. C’est à propos de la confirmation de cette LRAR pas télécopie que la lettre est parvenue à M. Baze, par e-mail avec une liste de distribution erronée.

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Les pièces :

  • 20161018-dell-recours-hierarchique-piece-jointe-9.pdf
  • 20161018-dell-recours-hierarchique-piece-jointe-10.pdf
  • L'usage, pour réduire les délais de distribution des lettres recommandées avec avis de réception (LRAR), et de confirmer cette lettre par une télécopie dont la transmission est instantanée. DELL a choisi le système de subrogation pour le versement direct des indemnités journalières aux salariés en arrêt maladie. Cela veut dire que DELL verse le montant des IJ sur le bulletin de salaire et se retourne ensuite pour obtenir de l'Assurance Maladie le montant des IJ versées au salarié. Mais des erreurs de l'Assurance Maladie sont toujours possibles et l'Assurance Maladie met à la disposition des assurés une commission des recours amiables (CRA) permettant aux assurés de faire corriger une erreur dont ils seraient victimes. Mais en attendant la décision de la CRA, l'Assurance Maladie demande à l'entreprise DELL « subrogée » de lui retourner le montant des IJ qu'elle a déjà remboursé à DELL, mais qu'elle conteste. C'est ce qui est arrivé à Antonio : d'un côté, l'erreur de la CPAM est manifeste (et la CRA rétablira les IJ suspendues), d'un autre côté, la retenue sur salaire pouvait attendre que l'on connaisse la décision de la CRA.
    Mais cette demande logique de sursis qui ne coûtait rien à l'entreprise fut refusée par le DRH. Au contraire, sourd à la demande d'Antonio qu'il aurait probablement acceptée pour tout autre salarié, le DRH confirma la retenue sur salaire dans les plus brefs délais. La vraie raison ? Elle se trouve dans le mandat syndical CGT que porte Antonio. Dès lors, une lettre recommandée au PDG de la société DELL était indispensable et l'envoi d'une copie de la LRAR par Fax coulait de source. C'est ce que le DRH appelle « usage inapproprié de la messagerie électronique". Lire …
  • Aussi bien quand il a transmis à l'inspection du travail sa demande d'autorisation préalable au licenciement d'Antonio que dans le dossier de recours hiérarchique soumis au ministère du travail pour annuler le refus de l'inspection du travail, le DRH de DELL SA met en avant l’incongruité pour un salarié de déranger un cadre dirigeant américain pour une histoire aussi banale qu'une simple retenue sur salaire pouvant jeter Antonio et sa famille dans l'extrême pauvreté.
    Sauf que, le cadre dirigeant américain en question, M. Wade R. Baze, comme le prouve l'extrait Kbis (disponible au greffe du tribunal de commerce de Montpellier) est en fait le PDG de DELL, société anonyme de droit français. Et en droit français, jusqu'à nouvel ordre, C'est le PDG qui est la personne physique responsable de l'entreprise. Un courrier par LRAR ou par télécopie, destiné à lui faire connaître ce qui serait une injustice dramatique, doit être considérée comme nécessaire. Cela rentre directement dans la mission du délégué syndical (étendu au représentant de la section syndicale) tel que défini par la Loi « Le délégué syndical représente son syndicat auprès de l'employeur et assure la défense des salariés. ». La loi dit bien auprès de l'employeur, pas de ses subordonnés. Lire …
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5 – La prétendue inexécution volontaire de la prestation de travail

Observations :

L’ensemble des opérations qu’un auditeur tel qu’Antonio Manfredi doit exécuter est décrit de manière incomplète et très approximative par la directrice des relations sociales de la société DELL. en réalité, il faut tenir compte, d’une part, que l’application, jusqu’en décembre, manquait de contrôles de sécurité élémentaires notamment pour accès et modification d’un fichier Excel listant tous les audits réalisés, d’autre part, que les principes de sécurité des système d’information désignent toujours un propriétaire des ressources data, le manager du service, celui-ci ayant un accès en modification des ressources dont il est propriétaire.

De plus, les témoignages de collègues indiquant qu’ils n’ont ni vu ni entendu Antonio pendant les réunions ne peuvent pas être probantes car il s’agissait d’audio-conférences, chacun avec son téléphone, chez lui (télétravail) ou à son poste de travail. Ni la direction, ni les témoins n’ont apporté de preuve convaincante à propos des prétendues absences d’Antonio. Or, les systèmes d'audio-conférence créent un journal qu’on pourrait consulter. Si un tel journal avait donné la liste des connectés on pourrait discuter de sa pertinence. Une expertise est au moins nécessaire.

Ensuite, ayant été mis au courant des déclarations de son manager, Antonio l’a informé qu’à partir de janvier 2018 il noterait toutes les informations techniques et nominatives sur les audits qu’il réalisait. Et, miracle, au premier semestre, hors congés et arrêts de maladie, Antonio a rempli ses objectifs.

Enfin, dans toutes ses démarches, la société DELL a sollicité des témoignages (plus ou moins contraints par le lien de subordination). Or, l’autorité administrative, les tribunaux administratifs, le CPH de Montpellier, les Cours d’appel sollicitées et la Cour de cassation ont considérés ces témoignages non probants.

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Les pièces :

  • 20170619-email-drs.pdf
  • 20170626-direccte-occitanie-ut-34-echange-emails-avec-drs-dell.pdf
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